Depuis l’invention de l’écriture, l’homme n’a eu de cesse de diffuser de l’information. Et dans certains cas, cette information ne doit pas tomber entre les mains ennemies. Pour palier à ça, tous types d’outils – physiques ou calculatoires – ont été inventés pour parvenir à rendre le message incompréhensible aux yeux des personnes indiscrètes.
Le chiffrement et le déchiffrement est un jeu que les puissances ont mené depuis des siècles. Mais dès lors qu’un chiffre est cassé, il faut en créer un nouveau, plus difficile à briser que le précédent. Nous allons voir, à travers une série d’articles, les différents moyens que l’homme a inventé pour transmettre des messages illisibles.
Mais la première chose à comprendre est la grande différence entre les termes de chiffrement et de cryptage.
Le cryptage
Cryptage (Nom Masculin) Abusif. Transformation d’un message en clair en un message codé compréhensible seulement par qui dispose du code : L’agent a effectué le cryptage de la dépêche. (Si l’on veut formellement intégrer la notion de « clé », il est préférable d’utiliser le terme chiffrement.)
Larousse ; Cryptage
Crypter est donc le processus de rendre une information illisible, sans clé de chiffrement.
Exemple 1. Texte original : Merci de lire ces quelques lignes Texte crypté : Jhepd ht xpas fer aptbegtm ipvusq
Le cryptage remplace l’information par une autre information mais ne permet pas de revenir à l’information initiale. Ce qui devient problématique pour le destinataire de l’information.
Dans l’exemple ci-dessus, j’ai juste tapé au hasard des lettres en prenant soin de conserver la longueur des mots d’origines. La seule information que j’ai est donc la longueur des mots. Mais j’aurais tout aussi bien pu changer les espaces en caractères, ou les enlever totalement. Dans tous les cas, je n’ai aucun moyen de revenir au texte de départ.
Le chiffrement et sa clé
Chiffrement (Nom Masculin) : Opération qui consiste à transformer un message à transmettre, dit « message clair », en un autre message, inintelligible pour un tiers, dit « message chiffré », en vue d’assurer le secret de sa transmission.
Larousse ; Chiffrement
À la base du chiffrement, il y a une clé. Cette clé peut-être mécanique, logique ou numérique. C’est donc une technique de cryptage qui utilise une clé et un outil tel qu’un objet, une grille de correspondance ou un algorithme.
Exemple 2. Clé de chiffrement : Décalage de 7 caractères dans une série bouclée de caractère Outil : Série bouclée "abcdefghijklmnopqrstuvwxyz " Texte original : Merci de lire ces quelques lignes Texte chiffrer : Tlyjpgklgspylgjlzgxalsxalzgspnulz
Avec le chiffrement, il est tout à fait possible de revenir au texte initial en appliquant la clé inverse (dans l’exemple : décaler de 7 en arrière) avec le même outil. Il est donc impératif que l’expéditeur et le destinataire aient la même clé et le même outil.
En effet, si l’on utilise le même outil avec une clé différente (décalage de 13 caractères en arrière), ou la même clé mais un outil différent (suite de caractère suivant le clavier AZERTY), alors le message chiffré sera différent.
Pourquoi ne doit-on pas dire crypter ?
Comme vu avec les définitions ci-dessus, le cryptage s’effectue sans clé. Ce qui ne permet, ni à l’expéditeur ni au destinataire de retrouver l’information d’origine. Ceci n’en enlève pas moins l’existence d’informations cryptées, mais les rend inutilisables.
L’amalgame entre crypter et chiffrer vient en grande partie de l’anglicisme encryption qui, lui, est correct. Une interview avec un spécialiste parlait de tout cela.
A suivre…
Dans les prochains articles, nous aborderons le chiffrement à travers l’histoire et découvrirons les différentes techniques mises en place pour déjouer l’intelligence ennemi.
De la scytale spartiate au chiffrement RSA de nos cartes bancaires, en passant par les substitutions de César, le carré de Vigenère ou Enigma, vous aurez de quoi jouer avec les lettres et les chiffres. Et pourquoi pas, vous découvrir une âme d’espion avec quelques exemples : cryptanalyste tentant de casser le code sans en connaitre la clé.